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TRENTE-TROISIÈME LEÇON.

liberté. » Catherine l’appréciait mieux. Elle voulut le retenir, et lui fit des offres brillantes^ mais Diderot les refusa. Il a lui-même raconté les circonstances de son départ.

« Le terme de mon séjour arrive ; je lui demande mon congé ; elle me l’accorde avec peine. Je lui demande pour toute grâce de satisfaire aux dépenses de mon voyage, de mon séjour et de mon retour ; je lui en dis les raisons, et elle les approuve parce qu’elles lui paraissent honnêtes, et sortir d’une âme vraie et désintéressée. Je lui demande une bagatelle dont tout le prix soit d’avoir été à son usage ; elle me la promet, et, la veille de mon départ, elle a la complaisance de porter à son doigt une pierre gravée, c’est sou portrait. Je lui demande un de ses officiers qui me remette sain et sauf où je désirerai (il était bien convaincu, dit sa fille, de son ineptie, quand il était question de route et de soins), et elle ordonne elle-même tout ce qui peut faire la commodité et la sûreté de mon retour. »

Et, dit madame de Vandeul, « c’était une rude tâche que de conduire un être qui ne voulait s’arrêter ni pour dormir, ni pourmanger.il avait pris sa voiture pour une maison où il devait habiter depuis Pétersbourg jusqu’à la Haye. t>

Le climat de la Russie, bien que Diderot n’y eût pas séjourné longtemps, et un si long voyage poursuivi sans sortir de voiture jusqu’à la Haye, avaient altéré sa santé. « Je fus au-devant de lui avec ma