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socrate

philosophie. Les martyrs de la libre pensée ne méritent-ils pas aussi notre vénération et notre reconnaissance ? Eux aussi ils ont souffert et ils ont su mourir pour leur cause, et peut-être le sacrifice auquel ils se sont voués a-t-il quelque chose de plus admirable encore. Je ne voudrais pas qu’on m’accusât de chercher à rabaisser les premiers au profit des seconds : j’aime et j’admire l’héroïsme, sous quelque forme qu’il se produise ; mais n’est-il pas juste de reconnaître que, tandis que ceux-là étaient soutenus dans leurs sanglantes épreuves par l’espoir d’une immédiate et éternelle récompense, ceux-ci, ne trouvant pas toujours dans leur doctrine une telle foi, n’en immolèrent pas moins leur bien-être et leur vie à leurs principes ? Les premiers, en mourant, voyaient s’ouvrir devant eux les portes du ciel ; les seconds, en se sacrifiant, n’avaient d’autre but que de satisfaire leur conscience et de servir la cause de l’humanité. Quelle reconnaissance, d’ailleurs, ne leur devons-nous pas, nous qui commençons à recueillir les fruits de la moisson qu’ils ont semée et arrosée de leur sang ! Ne croyez pas non plus que leurs exemples ne trouvent plus aujourd’hui d’application, ni qu’il soit sans utilité pratique de rappeler les épreuves qu’ils ont eu à subir. La liberté de penser a encore bien des progrès à faire, et par conséquent bien des obstacles à vaincre et bien des luttes à soutenir ; aujourd’hui encore, elle