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socrate

Mais d’abord il faut savoir quel était l’état philosophique, religieux, moral et politique de la Grèce, et en particulier d’Athènes, au moment où parut Socrate, c’est-à-dire vers la fin du cinquième siècle et le commencement du quatrième avant Jésus-Christ.

La philosophie grecque avait déjà presque deux siècles de développement ; mais, quelque brillants qu’eussent été ses débuts, ou bien elle s’égarait en de vaines spéculations sur l’origine de la nature des choses, sans se demander compte de la marche que l’esprit humain devait suivre dans ses recherches et sans faire à l’étude de l’homme et de ses devoirs la part qui leur convenait ; ou bien elle se jetait dans un scepticisme frivole, qui réduisait la science à l’art de soutenir le pour et le contre d’une manière également spécieuse, et qui à l’amour de la vérité et de la justice substituait le désir de briller et d’acquérir des richesses : telle était la philosophie dominante, la philosophie des sophistes.

Quant à la religion, ce ramas de fables ridicules et indécentes : un Jupiter, le maître des dieux et des hommes, adultère et débauché ; une Vénus impudique ; un Mercure, dieu de l’éloquence et des voleurs, etc. ; cette religion excitait depuis longtemps le dédain des esprits cultivés et l’incrédulité du peuple : les poètes la livraient même sur le théâtre aux railleries de la foule ; mais on ne pouvait la discuter publiquement : la politique, avec laquelle elle fai-