précisément l’obéissance à ces lois naturelles non écrites dont je viens de parler, la tempérance, qui nous empêche de devenir les esclaves de nos plaisirs et de notre corps, et maintient ainsi notre dignité, et le courage, qui nous rend supérieurs à la douleur et au danger.
Elle lui apprit enfin à s’élever, sur les traces d’Anaxagore et sur les ailes de la raison, jusqu’à l’idée d’une intelligence suprême, principe de la nature et de l’humanité, témoin invisible et incorruptible juge de nos actions.
Telle était en général la doctrine morale que Socrate opposait à la philosophie de son temps, et par laquelle il voulait épurer la religion, corriger les mœurs, humaniser la politique.
En religion, c’est le monothéisme et un culte essentiellement moral tendant à remplacer le polythéisme et son culte matériel. Ce n’est pas que la religion de Socrate fût déjà exempte de toute superstition : il croyait à la divination, aux oracles, aux songes, aux prodiges, à l’intervention de certaines divinités particulières, et lui aussi il sacrifiait aux dieux, autant sans doute par l’effet de cette superstition dont il n’avait pu encore se dégager entièrement que par respect pour les coutumes de la république ; mais les divinités qu’il reconnaissait n’étaient évidemment pour lui que les intermédiaires d’un Dieu suprême et unique ; et, s’il sacrifiait, soit sur les au-