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Page:Barni - Manuel républicain.djvu/17

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QU’EST-CE QUE LA FRATERNITÉ.

C’est ce principe qu’exprimait un poète ancien en disant, aux applaudissements du peuple romain : « Je suis homme, rien de ce qui est humain ne m’est étranger » ; que déjà la philosophie stoïcienne opposait à l’étroit esprit de la cité antique ; que l’Évangile a nommé la charité universelle et formulé dans cette simple maxime : « Aime ton prochain comme toi-même » ; qu’enfin tous les grands écrivains du xviiie siècle ont remis si admirablement en lumière, en développant cette large idée : l’humanité.

La Révolution française a justement pensé que sa devise resterait incomplète, si elle n’y ajoutait ce troisième terme.

Sans doute, la fraternité, qui n’est ptus une chose de droit strict, mais de bienveillance et d’amour, dépend plutôt des mœurs que de la législation : elle ne se décrète pas, comme la liberté ou comme l’égalité ; mais la législation peut, au moins par l’instruction publique, contribuer à en développer le sentiment dans les âmes, et il est bon qu’elle s’en pénètre elle-même, comme d’un parfum salutaire. Quelle que soit d’ailleurs l’action de la loi cet égard, la fraternité a un trop grand rôle à jouer dans la société pour qu’elle n’inspire pas, dans la vie privée comme dans la vie publique, toute âme vraiment républicaine.

Par elle, les ressorts s’adoucissent, les obstacles disparaissent, les problèmes sociaux, qui, sans son intervention, ne seront jamais complétement résolus, se trouvent tranchés ou simplifiés. Si parfaite que puisse