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Page:Barni - Manuel républicain.djvu/86

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LES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES.

ceux qui sont convaincus de les avoir violées. C’est là une nécessité à laquelle le régime républicain lui-même ne peut se soustraire, mais qui lui impose des devoirs que plus qu’à tout autre il lui appartient de remplir.

Le premier de ces devoirs est de travailler à restreindre de plus en plus la triste nécessité de recourir à la peine. Si, en effet, la pénalité est un élément nécessaire de l’ordre public, elle en est toujours un élément brutal, puisque, comme menace, elle s’appuie, non sur le mobile de la moralité, mais sur celui de la crainte ou de la contrainte matérielle, et que, comme exécution, elle inflige le malheur, et le plus grand de tous, la perte de la liberté, sinon de la vie, à des créatures humaines, coupables sans doute, mais trop souvent égarées par les vices de leur éducation et par les suggestions de la misère[1]. La république devra donc s’appliquer à faire que cet élément devienne de moins en moins nécessaire, en refoulant de plus en plus les principales sources du crime : l’ignorance et la misère. L’idéal serait un état de société où, comme dans la république de Platon, la peine ne figurerait même plus dans la loi. Si cet idéal ne peut être entièrement réalisé, toute république digne de ce nom doit tendre à s’en rapprocher de plus en plus. Le meilleur moyen est l’instruction du peuple. Plus il y aura d’écoles, moins il y aura besoin de prisons.

  1. Voyez mon livre La morale dans la démocratie, p. 195.