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STUREL CHEZ LE SYNDIC DES MÉCONTENTS

— Ça y est !

Il mourait de joie, parce que son chef était chassé de l’armée. Seul, Suret-Lefort était à hauteur pour comprendre, et il donnait de petites tapes amicales sur l’épaule du digne Renaudin, quand Sturel et Saint-Phlin s’indignaient.

Le reporter, qui décidément devenait un personnage, avait assisté à un dîner du Général, la veille au soir, chez Durand.

— Nous avons examiné un par un les membres de la commission d’enquête. Il est très inquiet. Oui, mes enfants, la mise à la retraite est certaine. Enfin, il nous appartient !

Suret-Lefort voulut bien éclairer ses amis de plus en plus scandalisés :

— Boulanger, ministre de la Guerre, c’était un général qui montait en grade. Nous ne pouvions pas nous intéresser à un troupier satisfait. Mais le voici contraint de devenir un élément intéressant de notre politique.

Renaudin rapportait encore de ce dîner le texte d’une proclamation que, le 3 mars, le Général adressait aux électeurs du Nord. On y lisait, pour la première fois « Dissolution, Révision, Constituante », que le journaliste commentait sur un ton de guerre civile.

Rœmerspacher haussa les épaules.

— Il devait rester dans l’armée, ou, du moins, à tout prix, en disponibilité. Au moins il était inéligible. S’il entre à la Chambre et s’il affiche un programme, quelle diminution ! Il deviendra un simple appoint au milieu des autres partis et commencera de jouer ce même jeu parlementaire dont le dégoût jette la nation vers lui.