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L’APPEL AU SOLDAT

veulent qu’on les paye, ou bien ils se licencieront.

La Lanterne fit défection. Le juif allemand qui la dirigeait avait suivi d’abord le Général parce que seules à cette date les feuilles boulangistes trouvaient des acheteurs. Soudain il essaya de l’étrangler en portant à ses adversaires l’autorité qu’il avait prise à le soutenir. Ce M. Mayer aurait pu combattre de bonne foi le mouvement national : tout étranger installé sur notre territoire, alors même qu’il croit nous chérir, hait naturellement la France Éternelle, notre tradition qu’il ne possède pas, qu’il ne peut comprendre et qui constitue précisément la nationalité. Cette vue d’ethnographie passe par-dessus le personnage : il trahit, ayant sollicité trois cent mille francs de Floquet qui, lui-même, les exigea sur le budget de concussion organisé par la Compagnie de Panama à l’usage des parlementaires.

Quand le patron de Renaudin, Portalis, sut que le ministère payait si grassement, il envoya Girard pour négocier quelque chose de sérieux avec Boulanger. Depuis 1886, le XIXe Siècle insérait les communiqués du Général. Dillon accepta d’acheter ce journal pour 200.000 francs. Il versa même un à-compte de 25.000 francs, à parfaire dans un délai fixé. Puis il se dédit pour offrir une subvention mensuelle de 20.000 francs.

— Non, dit Girard, la feuille demeurerait compromise, prenez-la ferme.

Dans le même temps, Dillon offrait à Portalis une candidature dans le Loiret.

— Je ne veux pas, répondit celui-ci, me déclarer votre candidat : je serais battu. Mais j’accepterai votre concours, ouvertement, à titre de républicain.