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L’APPEL AU SOLDAT

municipales sauveront le parti. Il n’y faut que de l’argent et des candidats tout à fait convenables.

Pour les désigner, le Comité national, suivi des postulants, vogue une nouvelle fois vers Jersey. De novembre 1889 à cet avril 1890, cet équipage n’a pas conquis la nation. Ces produits du boulangisme le détruisent par l’expression qu’ils en fournissent au pays. Ayant promis de servir non plus des intérêts de parti, mais l’intérêt national, ils ne purent agir ni pour celui-ci ni pour ceux-là ; ils constituent un groupe parlementaire d’opposition intransigeante et impuissante. Ils tiennent bon, cependant ! Un seul d’entre eux fit défection, Martineau, que son comité essaya d’assommer. Et maintenant ils mènent à Jersey un troupeau de maigres candidats aux dents longues.

Plein des méfiances de l’exil et soucieux d’une discipline militaire, Boulanger a déclaré que nul ne pourra faire appel aux voix boulangistes s’il n’a reçu une investiture formelle. Sous sa présidence, pendant des heures, autour du tapis vert, dans la grande salle à manger de la Pomme d’Or, le Comité appelle et discute chaque quartier. On mesurera l’influence des principaux lieutenants au nombre de clients qu’ils feront investir.

— Les services rendus par la Ligue lui donnent droit à tant de candidats…

— Pour faire passer vos noms réactionnaires, il faut que l’Intransigeant puisse inscrire cet ancien communard.

Sturel s’indigne :

— Comment, après le concours dévoué des bonapartistes, vous écarteriez un arrière-petit bâtard de Napoléon Ier !