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AUTOUR DE LA GARE DE LYON

des dettes. Des traductions de philosophes anglais et allemands, qu’il révisait et signait, lui rapportaient à peine six cents francs l’une, bien qu’il fît prendre une partie de l’édition par le ministère de l’Instruction publique. Homme d’État peut-être, il n’était pas écrivain, et, bien loin de rechercher les députés, tout directeur, de journal pour les imprimer leur demande une subvention. Comme ils devaient faire pour le Télégraphe de Freycinet, pour le Soir de Burdeau, pour la République Française en 1887, et pour le Var Républicain de Jules Roche, les administrateurs de Panama reconstituèrent la Vraie République, qui créa douze mille francs d’appointements et une situation de « directeur politique » à Bouteiller.

Peu lus du grand public, ses articles fournissaient des thèmes à la propagande dans la presse et près des banquiers. Dès la fin de 85, pour obtenir l’autorisation d’émettre des valeurs à lots, il avait conseillé de vastes pétitionnements d’actionnaires, qu’il appuierait à la tribune. Il voyait juste, mais peut-être avec une naïveté de débutant : la Compagnie, en même temps qu’elle organisa cette manifestation spontanée, consentit à Cornélius Herz un forfait de dix millions pour travailler les pouvoirs publics. Est-ce à l’action de cet agent ou bien à l’influence de douze mille signatures qu’il faut attribuer la décision ministérielle du 24 décembre 1883 envoyant un ingénieur de l’État dans l’isthme ? Bouteiller haussa les épaules ! Quel piteux système d’ajourner les responsabilités ! Le gouvernement peut refuser de s’immiscer dans une affaire privée qu’il ne connaît pas, mais, s’il repousse l’emprunt a lots, après le rapport secret de son inspecteur, il déclarera ne