Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
JOURNÉE D’AGONIE DE REINACH

Constans veut indiquer par cette exclamation que Clemenceau avait dissuadé Reinach de cette démarche, qu’il en avait prévu l’inutilité. Mais ce « vous voyez bien » ne figure pas dans la déposition de Clemenceau. Clemenceau déclare, au contraire, qu’il avait admis une intervention utile de Constans.

Reinach se leva sans rien dire et se dirigea vers la porte. Cela seul est certain : le misérable baron de Reinach n’en pouvait plus.

M. Constans, pour tous détails, nous dit gaiement qu’il donna au banquier juif un écu. MM. Constans et Clemenceau se sont appesantis avec complaisance sur ce petit fait, parce qu’il a quelque chose de pittoresque et qu’en divertissant l’attention il semble en même temps un gage de la minutieuse véracité des déposants. M. de Reinach avait oublié sa bourse, il pria M. Constans de lui donner quelque monnaie pour régler le fiacre qui l’attendait. Cet emprunt peut avoir un sens si Reinach veut marquer son impuissance à fournir la rançon de six millions qu’exige Cornelius Herz. Autrement il est inexplicable. En effet, Reinach et Constans, au dire de ce dernier, se connaissaient fort peu. Et puis M. Clemenceau n’était-il pas désigné pour régler un fiacre dont il venait de partager l’agrément ? Enfin, ce fiacre n’allait-il pas ramener le baron chez sa fille ou dans son magnifique hôtel ?