pagne. Il lui était souverainement pénible de voir des camarades « mis sur le gril », Andrieux se chauffant à la cheminée, les basques de sa redingote relevées, souriait, les yeux à demi clos :
— N’est-ce pas, Ducret, s’écria-t-il, on ne peut pas faire d’omelettes sans casser des œufs ?
— Ah ! je vous en abandonne beaucoup, reprenait Clemenceau, Rouvier et bien d’autres… Mais voilà Z… ! Je sais qu’il a touché 20,000 francs. C’est un garçon d’avenir et plein d’esprit.
— Soit ! disait Andrieux, nous sauverons celui-là, s’il ne fait pas de sottises.
Puis s’approchant de la table :
— Maintenant, messieurs, je vous ai réservé une primeur. Je la rapporte de Bournemouth.
Ils examinèrent sous la lampe la fameuse liste Stéphan.
Cornelius, plus tard, a fait connaître dans quelles conditions il s’était dessaisi de cette arme. « M. Clemenceau, qui savait depuis longtemps que j’avais parmi mes dossiers la liste de quelques-uns des chèques parlementaires, m’envoya son ami Andrieux à Bournemouth, en me priant de la lui confier. Il s’engageait formellement à ne la montrer qu’à M. Bourgeois, garde des sceaux, pour lui indiquer le danger qu’il y avait à continuer cette affaire. J’avais à cette époque des relations trop cordiales et trop intimes avec le directeur de la Justice pour lui refuser un