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GÂTEUX DEPUIS PANAMA

Ils eurent de belles étrennes : le lent étranglement de Baïhaut.

On peut comparer ce que subit l’ancien ministre au supplice du garrot, qui est, comme on sait, un morceau de bois court que l’on passe dans une corde pour la serrer en tordant, À l’ordinaire, le patient est dissimulé sous un capuchon. Cette fois, la chose se fit à visage découvert. On ne perdit pas un jeu des muscles du chéquard.

Pour apprécier ce drame, il faut savoir que M. Baïhaut avait pour ami intime M. J. Armengaud. La vie tourna cette amitié en haine. Peut-être ces faits appartiennent-ils au public : M. Armengaud les énuméra dans une suite de placards que tous les députés reçurent par ses soins au début de l’année 1890. Ils conviendraient pour donner à ce drame son fond magnifique de sauvagerie urbaine. Sacrifions-les : ce livre audacieux et dur refuse de prendre un seul trait dans la vie privée des hommes publics.

Quand la campagne sur le Panama fut amorcée, M. Armengaud dit :

— Il en est. Je ne le sais pas : je le crois. D’où, comment sortira la preuve ? Je l’ignore : elle sortira. Trois fois il vit des hommes de la Libre Parole. Baïhaut osa solliciter une audience du président de la République. C’étaient deux camarades de Polytechnique et des Ponts et Chaussées. On dit que Baïhaut confessa « une minute d’égarement ».