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VAINES DÉMARCHES DE STUREL

venaient chercher le « patron » avec les éclats de rire d’une troupe d’écoliers ou plutôt avec la joyeuse insouciance de jeunes officiers qui, satisfaits de se battre bravement, laissent les longs projets et les doutes au chef. Maintenant, l’Écho de Paris leur téléphonait :

— Est-ce vraiment demain que vous publiez le fac-similé du chèque Carnot ?

— Non, pas avant trois ou quatre jours.

La police et le ministère perplexes se disaient : « Ce qu’ils racontent dans le téléphone n’est pas sérieux, puisqu’ils se savent écoutés. » Une armée de mouchards pourtant assaillit la Grande Imprimerie. Et désormais, chaque matin à quatre heures, le premier numéro sortant de la presse, un policier cycliste l’enlevait, le portait à l’Elysée où l’on veillait, prêt à donner un ordre de saisie.

Fallait-il mariner plus longtemps dans ces ordures ? Le monde officiel s’attendait toujours à la démission de la droite. Le ministre Develle disait : « Sont-ils idiots dans cette opposition ! Ils n’auraient qu’à vouloir : depuis trois mois il n’y a plus de gouvernement. » Mais les conservateurs n’avaient jamais accepté le projet, cher à Sturel, d’une démission en masse de tous les opposants. Et, bien pis, aujourd’hui, dans une lettre éloquente, le comte d’Haussonville blâmait publiquement « la politique des petits papiers ». Les