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LA LIQUIDATION CHEZ STUREL

— Je vous avais méconnu à la Chambre, monsieur Sturel. Je l’avoue, je me suis trompé. Je ne vous avais pas distingué. Ne nous quittons pas ainsi. Faisons un pas l’un vers l’autre. Laissez vos haines, et je me fais fort de dissiper vos défiances. Si, par ma requête, je vous pressais de me dégager en vous perdant, vous pourriez me rejeter comme un embarras de votre carrière. Non, ce que je vous demande, c’est une opération sage et patriotique. Estimez-vous qu’il convienne de diminuer des hommes qui, alors même que vous le déplorez, représentent la France devant l’étranger ! Monsieur Sturel, parmi les boulangistes, des Déroulède et d’autres nouveaux venus doivent être recueillis ; ce fut toujours mon sentiment. Cherchons ensemble les moyens de notre accord.

Sturel suivait les sonorités de cette belle voix. Il se disait : « Voici le chant qui séduisit ma dix-huitième année, » Et soudain, d’un mouvement irrésistible, il mit son cœur devant Bouteiller.

— Je fais les distinctions qui s’imposent entre celui qui a reçu des services et celui qui a vendu les services de l’État. Ce second cas, vous ne l’excusez pas. Eh bien ! venez avec nous ! Quelle belle figure populaire, nationale, si vous favorisez l’œuvre de salubrité conçue en un jour de courage par M. Cavaignac !

Bouteiller approuvait chaque phrase de la tête