C’est une dure tragédie politique, le duel de ces deux voix qui, désignées pour devenir des autorités nationales, pourraient bien aujourd’hui susciter des groupements féodaux.
Après avoir été une cause de déracinement et la doctrine même du déracinement, Bouteiller avait failli retrouver la continuité française. Promu l’un des chefs de la nation, il avait semblé sur le point d’acquérir le sentiment vivant de l’intérêt général. Il y avait échoué. Ayant été presque un homme d’État, il retombait au « chacun pour soi ». Quant à Sturel, séparé de l’innéité française par son éducation, il avait su, d’une manière mystérieuse pour lui-même, ressaisir ses affinités et s’enrôler avec ceux de sa nature ethnique, mais voici que ceux-ci pour la seconde fois venaient de se disperser, et, comme Bouteiller, il était rejeté dans un dur « chacun pour soi ».
Ces énergies désorbitées se voient sur tous les points du territoire, hélas ! mais Versailles, harmonieux symbole, contient toute la théorie de la discipline française ; un plan raisonnable et les siècles contraignent les pierres, les marbres, les bronzes, les bois et le ciel à n’y faire qu’une immense vie commune ; la royauté de son décor encadre de la manière la plus saisissante cette discorde d’un Bouteiller et d’un Sturel assez significative de notre anarchie pour mériter les proportions de l’histoire.