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LEURS FIGURES

On dénombrait maintenant les suspects de concussion, les Hébrard, les Rouvier, les Roche, les Baïhaut, les Maret, les Proust. Tous ces noms se succédant comme une suite de petites explosions donnaient de l’avance à l’allumage, et, puisqu’il n’y avait personne du gouvernement pour débrayer et faire jouer les volants dans le vide, la terrible machine antiparlementaire menait chaque jour d’un train plus infernal sa besogne de destruction.

À la fin d’octobre, le conseiller instructeur Prinet n’osa plus ne pas voir dans son dossier des faits de corruption que les journaux mettaient sous les yeux du public. Il convoqua dans son cabinet, pour le 4 novembre, M. le baron Jacques de Reinach.

Quand le bruit d’un tel événement commença de bourdonner, ce furent dans le public un surcroît d’insolence et dans le Parlement les débuts de la consternation.

Quelques députés crurent à une traîtrise de cette magistrature qui, malgré les épurations, ne saura jamais respecter qui la paie. Ils se trompaient. M. Prinet est irréprochable. On connaît aujourd’hui la crise qu’a traversée ce loyal serviteur. Il en a donné les détails. « L’opinion publique, a-t-il dit, soupçonnait des membres du Parlement d’avoir vendu leurs votes. C’est une