Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/134

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rure ; puis des jurons : la voix du professeur ! Le sentiment de l’honneur du foyer envahit subitement la jeune fille. Elle se lève, court à la porte, ordonne à l’ivrogne d’attendre, hésite à réveiller sa mère, s’habille, s’indigne à l’idée que les voisins pourront dire : « Ah ! bien, il en fait une vie, l’Allemand de chez les Baudoche ! » et puis lui ouvre.

Quel sale maintien il avait, tout souillé et penché contre le mur ! Un homme si instruit et tellement honnête ! Alors, sans marquer d’indignation ni de colère, mais lui imposant par sa sévérité, elle le mène jusque chez lui, ne s’attarde pas aux remerciements qu’il balbutie d’une langue trop lourde, et revenue auprès de sa mère qui dort toujours, elle se dit :