Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/87

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boires de son mariage avec un Allemand. Celui-ci portait à la brasserie tous ses salaires ; elle y suppléait en aidant au ménage chez un conseiller intime. Et, sur le luxe apparent de ce ménage étranger, elle rapportait régulièrement mille quolibets, anecdotes et mépris qui faisaient la joie du quartier.

Monsieur le Conseiller avait un fumoir et un cabinet de travail ; Madame la Conseillère, deux salons ; mais les trois fraülein couchaient dans une seule chambre, grande comme la main, meublée de lits misérables et d’armoires de quatre sous. On donnait de grands dîners d’apparat, mais à l’ordinaire on se nourrissait de charcuterie. C’était au sujet de la bonne, la pauvre Minna, que s’épanouissaient avec