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LA COLLINE INSPIRÉE

faisaient de l’or. C’est la plus belle chose en tous lieux. Quand les gens montaient sur la colline, en septembre, pour les fêtes de la nativité de la Vierge, et que la superbe procession déployait son cortège, ils se montraient les sœurs quêteuses et disaient : « Voilà celles qui rapportent des mille et des mille… » Pourtant les paysans voyaient avec inquiétude cet homme étrange, déjà accablé de charges, toujours tirer des traites sur l’avenir. Bien souvent, au retour de Sion, les plus sages répétaient le mot du père Baillard à son lit de mort : « Mon fils, tu veux trop en faire. »

Juste prudence villageoise. Mais chacun meurt de son génie. Napoléon veut toujours vaincre. Dans les forêts des Vosges et sur les sommets qui séparent la Lorraine de l’Alsace, règne, depuis des siècles, le monastère qui garde les reliques de sainte Odile. Ce haut lieu protège l’Alsace, comme la colline de Sion la Lorraine. Pour cinquante mille francs Léopold l’achète. Il prend possession du grand couvent, de l’église, des chapelles, de l’hôtellerie, des écuries, d’une quantité de terres et de prés, d’une admirable forêt et des reliques. Et dans ce domaine princier il installe son jeune frère Quirin.