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Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/28

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ne pouvoir s’appuyer sur une conscience nationale, serait insensé de négliger ce que chacun de ces petits pays a conservé de connaissance de soi-même. Ces provinces, de qui les gens superficiels croient le génie éteint, fournissent encore les grandes lumières intérieures qui échauffent et qui animent la France. Nous avons vu le reflet des Ardennes sur Taine, le reflet de la Bretagne sur Renan, le reflet de la Provence sur Mistral, le reflet de notre Alsace-Lorraine sur Erckmann-Chatrian. Des universités autonomes nous permettraient de recueillir ce qui subsiste du spirituel de ces anciens pays et en même temps leur apporterait la culture universelle. Mouvement circulaire d’une grande importance ! Il nous développerait d’accord avec notre préparation héréditaire et terrienne, et cependant il combattrait l’engourdissement départemental4.


Les moyens que je propose à votre méditation ne sont pas des combinaisons à priori en faveur desquelles vous ayez à devancer les faits accomplis : un état d’esprit existe pour réclamer des lois plus sévères sur la naturalisation ; il y a des grandes villes riches, ambitieuses, désignées pour devenir des points de centralisation et pour reporter au milieu des territoires et aux mains des citoyens ces menus soucis qui distraient l’État de veiller à son principal emploi, c’est-à-dire à notre sécurité collective.

Ces deux réformes sont prêtes ; un coup léger suffirait à déterminer la précipitation chimique.