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Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/6

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dans un sentiment d’utilité générale, pour aviser aux nécessités de la Patrie.

Nous n’avons pas un programme commun, mais toute une bonne volonté ardente. Nous ne portons pas une marque officielle ; mais dans un moment où toutes les autorités fléchissent, nous faisons voir parmi nous les hommes de France les plus capables d’exprimer d’une façon claire et émouvante, avec des cœurs désintéressés, les sentiments nationaux.

D’ici peu, dans chaque rue des grandes villes, dans le plus modeste village, nous aurons un correspondant prédisposé à bien accueillir notre pensée.

Enfin, nous savons que nul de vous ne laissera l’œuvre languir faute de ressources.

La Ligue est un magnifique instrument. Comment pourrons-nous en user pour fortifier la France ?

Il y a des précédents.

En 1806, dans les dures années qui suivirent Iéna et la paix de Tilsitt, la Prusse étant terrassée, ce qu’elle avait de forces s’unit et se posa la question de vie ou de mort : « Par quels moyens pourrions-nous relever l’État ? » Ces moyens, un homme, Stein, les fournit, en s’inspirant de la réalité, c’est-à-dire des précédents historiques prussiens et des circonstances. Mais il n’aurait rien pu faire sans les poètes, sans les littérateurs, sans les critiques, sans les philosophes, sans les éducateurs, qui, sans avoir de visées politiques, exercent une action directe sur l’esprit public. Il fallait d’abord que ces gens-là substituassent dans le cerveau allemand