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Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/8

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divisé et tiraillé entre des volontés particulières et des imaginations individuelles. Voilà le mal. Nous sommes émiettés. Nous n’avons pas une connaissance commune de notre but, de nos ressources, de notre centre.

Heureuses ces nations où tous les mouvements sont liés, où les efforts des honnêtes gens s’accordent comme si un plan avait été combiné par un cerveau supérieur, où les choses essentielles ne sont pas remises à chaque instant en discussion, où les hommes de valeur, après qu’ils se sont agités de leur mieux dans la collectivité, n’ont pas cette tristesse de sentir qu’ils l’ont ébranlée ou qu’ils ont travaillé dans le vide, mais constatent, avant de mourir, qu’ils ont eu une action directe sur la marche de leur pays et que quelque chose d’eux-mêmes se prolongera dans la conscience nationale !


I


Il y a bien des manières, Messieurs, pour un groupement d’hommes, de se faire cette unité morale.

La Prusse, en 1806, se trouvait en d’excellentes conditions pour éviter cette perte de forces qui est la conséquence nécessaire d’une absence de direction et de la méconnaissance du but à atteindre. Le loyalisme groupait la nation autour de la reine Louise. Ce qu’approuvait ou haïssait cette belle per-