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le jardin de bérénice

avait été modifié perpétuellement au cours des siècles. Ainsi que les flots, me disais-je, déforment chaque jour ce rivage, le flux et le reflux des mêmes passions agissent sur la sensibilité des hommes. Bérénice, Charles Martin et moi, nous sommes des instants divers de l’intelligence humaine.

Je touchais avec une certitude prodigieuse la puissance infinie, l’indomptable énergie de l’âme de l’univers que jamais le froid ne prend au cœur, qui ne se décourage sous la pierre d’aucun tombeau et qui chaque jour ressuscite.

À chaque minute, le paysage se transformait sous la lumière dégradante, de même que le long des siècles il s’est