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le jardin de bérénice

répandent dans nos veines. Mais je t’en prie, observe Bérénice, cette petite chose, cette curieuse construction. En voilà une qui sait utiliser la sève de l’humanité. L’as-tu examinée à la loupe ? Quel effort ! Certes elle ne se connaît guère. Et comment se posséderait-elle ? Elle ne se regarde même pas. C’est une enfant aveugle, emportée par les forces secrètes de son âme. Interroge-la donc. Elle ne te parlera que de M. de Transe ; elle croit regretter le passé ; simplement dans un effort douloureux elle enfante quelque chose qui sera mieux qu’elle. Par cette tension que lui donnent son chagrin et son regret sans réalité, elle atteint un objet qu’elle n’a pas visé. Ah !