Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bérénice : l’Adversaire eût pu s’en offenser, et désormais que dire à mon amie ? Elle-même ne vint plus à Arles. On me rapporta qu’elle était souffrante. Mai, juin, juillet passèrent en besognes de candidat, et j’eus d’Aigues-Mortes, à de rares intervalles, les plus fâcheuses nouvelles.

Une seule fois, à l’improviste, je les rencontrai dans Arles ; elle marchait avec de gracieuses précautions de jeune animal sur les durs cailloux de ces rues antiques. J’entendis mon cœur sauter dans ma poitrine. Son sourire me parut éclatant de domination ; son visage lumineux, éclairé par ses yeux et par sa pâleur même, prit un air d’impériosité voluptueuse dont je fus accablé.