Aller au contenu

Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
le jardin de bérénice

l’univers que, pour moi, la mort n’est pas cette crise unique qu’elle paraît au commun. Elle est étroitement liée à l’idée de vie nouvelle, et comme son image est mêlée à tous les plaisirs de Néron, elle est mêlée à toutes mes analyses. La mort est la prise de possession d’un état nouveau. Toute nuance nouvelle que prend notre âme implique nécessairement une nuance qui s’efface. La sensation d’aujourd’hui se substitue à la sensation précédente. Un état de conscience ne peut naître en nous que par la mort de l’individu que nous étions hier. À chaque fois que nous renouvelons notre moi, c’est une part de nous que nous sacrifions, et nous pouvons nous écrier : qualis artifex pereo !