Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/318

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j’allais le quitter n’avait plus pour mon âme d’impériosité.

C’était en moi et hors de moi un profond silence. Il me semblait que le monde et mon moi se fussent figés. J’étais un bloc de glace sur une mer qui l’étreint en se congelant. Sur cette banquise lourde et monotone que je composais avec l’univers, seule glissait comme un nuage bas l’image de Petite-Secousse. Image gelée, elle-même ! De nos causeries, je ne savais plus que ses longs silences de sa sensualité, rien que ses touchantes torpeurs, et de son corps élégant, je ne revoyais aucun détail, mais seulement j’étais rempli de cette tristesse que m’avait donnée chacune de