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le jardin de bérénice

cessives, je refuse de sacrifier une satisfaction d’aujourd’hui au bien-être de celui que je serai dans quelques années.

Ayant ainsi agrandi ma promenade par de hautes considérations, je fis les quatre kilomètres de bruyères et d’étangs qui séparent d’Aigues-Mortes le Grau-du-Roi. La haie franchie de la villa de Rosemonde, je me retrouvai sur ce sable où nous avions passé tant d’heures, et où je venais sans doute pour la dernière fois. Je revécus avec intensité le chemin que j’avais parcouru auprès de Bérénice, et je sentais que, haussé par cette étrange compagnie d’une année, j’embrassais avec plus de force un plus grand horizon.

Cette nuit d’octobre était si chaude,