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le jardin de bérénice

cette ville, comme je dînais seul à l’hôtel, une jeune femme entra, vêtue de deuil, d’une figure délicate et voluptueuse, qui, très entourée par les garçons, alla s’asseoir à une petite table. Tandis qu’elle mangeait des olives d’un air rêveur, avec les façons presque d’une enfant : « Quel gracieux mécanisme, ces êtres-là, me disais-je, et qu’un de leurs gestes aisés renferme plus d’émotion que les meilleures strophes des lyriques ! »

Puis soudain, nos yeux s’étant rencontrés :

— Tiens, m’écriai-je, Petite-Secousse !

J’allai à elle. Elle me donna joyeusement ses deux mains.