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le jardin de bérénice

maladive et honnête, à qui mon compagnon me présenta.

Cette scène m’emplit d’un flot subit de pitié. Tous quatre nous remontions la rue Auber ; je tenais Bérénice par la main, et j’étais très occupé à préserver ce petit être des passants. Je ne cherchais pas à lui parler, seulement j’avais dans l’esprit ce que dit Shakespeare de Cléopâtre : « Je l’ai vue sauter quarante pas à cloche-pied. Ayant perdu haleine, elle voulut parler et s’arrêta palpitante, si gracieuse qu’elle faisait d’une défaillance une beauté. »

Ce privilège divin, faire d’une défaillance une beauté, c’est toute la raison de la place secrète que, près de mon