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Page:Barrès - Le culte du moi : sous l’œil des barbares.djvu/246

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SOUS L’ŒIL DES BARBARES

Quand, porté par l’enthousiasme, il rentrait ainsi dans son royaume, qu’auraient-ils dit de cette transfiguration, ses familiers, qui toujours le virent vêtu de complaisance, de médiocres ambitions, de futilités et s’énervant à des plaisanteries de café-concert. Au jour les besognes chasseront de son cœur ces influences sublimes. Qu’importe ! Cette nuit célèbre la résurrection de son âme ; il est soi, il est le passage où se pressent les images et les idées. Sous ce défilé solennel il frissonne d’une petite fièvre, d’un tremblement de hâte : vivra-t-il assez pour sentir, penser, essayer tout ce qui l’émeut dans les peuples, le long des siècles !

Il se rejette en arrière pour aspirer une bouffée de tabac, et sa pensée soudain se divise et tandis qu’une partie de soi toujours se glorifiait, l’autre contemplait le monde.