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ii
préface

France dans la bibliothèque du Sénat et qu’un petit vieillard vigoureux — c’était le Père, l’empereur, c’était Victor Hugo — nous rejoignit ! Je mourrai sans avoir rien vu qui m’importe davantage. Ah ! si, quelque jour, je pouvais mériter que l’Histoire acceptât ce groupe de quatre âges littéraires ! Ainsi quand j’étais jeune, il y avait encore des dieux. Mais une pensée tout acilie faisait recette auprès du public. On prenait la grossièreté pour de la force, l’obscénité pour de la passion et des tableaux en trompe l’œil pour des pages « grouillantes de vie ». Autant de raisons pour qu’un petit livre d’analyse ne fût point remarqué. Et puis l’Homme libre était peu compréhensible.

Croyez-vous donc que j’eusse voulu être entendu de n’importe qui ? J’écrivais pour mettre de l’ordre en moi-même et pour me délivrer, car on ne pense, ce qui s’appelle penser, que la plume à la main. Mais le premier venu allait-il pencher la tête, par-dessus mon épaule, sur mon papier ? — « Fi, Monsieur ! m’écriai-je, moyennant 3 fr. 50, vous voudriez connaître mes plus délicates complications.