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Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/196

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UN HOMME LIBRE

ver l’abondance » Et je me disais avec hâte « Est-ce que je sens quelque chose ? »

Cette quinzaine est une des périodes les plus honorables de mon existence ; j’ai su conquérir l’émotion que je me proposais. Oui, j’allais trouver l’abondance. Et déjà, j’étais rempli de bonté. Je m’occupai du poitrinaire, je lui promis la santé, les femmes, le vin, tout ce que j’imaginais lui plaire. Même, pour qu’il sourit, je lui dis que j’étais Parisien, et je l’aidai a descendre du train dans la gare de Milan.

Décidé aux plus grands sacrifices pour être enthousiasmé, dès le soir je sortis de l’hôtel et me rendis autour de la cathédrale, m’interpellant et m’exclamant (bien qu’elle me plût médiocrement) en formules admiratives, car je sais que le geste et le cri ne manquent guère de produire le sentiment qui leur correspond.