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Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/223

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UN HOMME LIBRE

cette nation porte l’empreinte, seules la perçoivent pleinement les âmes douées d’une sensibilité parente. Ce caractère mystérieux, que je nomme l’âme de tout groupe d’humanité et qui varie avec chacun d’eux, on l’obtient en éliminant mille traits mesquins, où s’embarrasse le vulgaire. Et cette élimination, cette abstraction se font sans réflexion, mécaniquement, par la répétition des mêmes impressions dans un esprit soucieux de communier directement avec tous les aspects et toutes les époques d’une civilisation.

Mon Être.

De même, quand ma pensée se promène en moi, parmi mille banalités qui semblaient tout d’abord importantes, elle distingue jusqu’à en être frappée des traits à demi effacés ; et bientôt une image demeure fixée dans mon imagination. Et cette image, c’est moi-même, mais moi plus noble que dans l’ordinaire ; c’est l’essentiel de mon Être, non pas de ce que je parais en 89, mais de tout ce développement à travers les générations dont je vis aujourd’hui un instant.