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appendice

j’y indiquais tout ce que j’ai développé depuis, ne faisant dans les Déracinés, dans la Terre et les Morts et dans cette Vallée de la Moselle (où j’ai peut-être mis le meilleur de moi-même), que donner plus de complexité aux motifs de mes premières et constantes opinions. Ils peuvent témoigner que, dans la Cocarde, en 1894, nous avons tracé avec une singulière vivacité, dont s’effrayaient peut-être tels amis d’aujourd’hui, tout le programme du « nationalisme » que, depuis longtemps, nous appelions par son nom.

Ce n’est pas nous qui avons changé, c’est l’« Affaire » qui a placé bien des esprits à un nouveau point de vue. « Tiens, disent-ils, Barrès a cessé de nous déplaire. » J’en suis profondément heureux, mais je ne fis que suivre mon chemin, et chaque année je portais la même couronne, les mêmes pensées sur une tombe en exil[1].

Sur quoi donc me fait-on querelle ? Je n’allai point droit sur la vérité comme une flèche sur la cible. L’oiseau s’oriente, les arbres pour s’élever étagent leurs ramures, toute pensée procède par étapes. On ne m’a point trouvé comme une perle parfaite, quelque beau matin, entre deux écailles d’huître. Comme j’y aspirais dans Sous l’œil des Barbares et dans Un Homme libre, je me fis une

  1. Au cimetière d’Ixelles. — Voir la dédicace de l’Appel au Soldat à Jules Lemaître.