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Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/36

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un homme libre

Nous nous sommes inscrits à l’école de M. Boutmy, rue Saint-Guillaume. Mais voyais-je Simon trois mois par année ? Il était mondain à Londres et à Paris, puis se refaisait à la campagne, Il passe pour excentrique, parce qu’il a de l’imprévu dans ses déterminations et des gestes heurtés. C’est un garçon très nerveux et systématique, d’aspect glacial. « Mérimée, me disait-il, est estimable à cause des gens qui le détestent, mais bien haïssable à cause de ceux qu’il satisfait. »

Simon, qui ne tient pas à plaire, aime toutefois à paraître, et cela blesse généralement. Très jeune, il était faiseur ; aujourd’hui encore, il se met dans des embarras d’argent. C’est un travers bien profond, puisque moi-même, pour l’en confesser, je prends des précautions ; pourtant notre délice, le secret de notre liaison, est de nous analyser avec minutie, et si nous tenons très haut notre intelligence, nous flattons peu notre caractère.

Sa dépense et son souci de la bonne tenue le réduisent à de longs séjours dans la propriété de sa famille sur la Loire. La cuisine