prennent de la vie, de ses conditions et de son but la plus pitoyable intelligence. On disait couramment au lycée de Nancy qu’un homme qui serait fort comme le professeur de gymnastique, polyglotte comme les maîtres d’allemand et d’anglais, latiniste comme un agrégé, dominerait le monde. — On ne se doutait pas d’une certaine fermeté morale, le caractère, qui impose même au talent, ni de toutes ces circonstances qui réduisent les plus beaux dons. — On était persuadé qu’aux pieds d’un si brillant prodige afflueraient tous les trésors. Les élèves de l’Université, servis par des valets malpropres, mais ponctuels, ignorent ce qu’est un gagne-pain et, sitôt bacheliers, s’étonneront qu’il faille cirer ses bottes soi-même.
Tel est, brièvement décrit, l’esprit de l’internat, auquel les externes eux-mêmes résistent mal, car chacun d’eux se formant sous des influences familiales très diverses, ils ne peuvent opposer une force d’ensemble aux notions habituelles et indiscutées qui composent, dès le seuil, l’atmosphère des grands, des moyens et des petits.
M. Paul Bouteiller, lors de la première classe, prit place dans la chaire et examina un livre jusqu’à ce qu’il jugeât écoulé le délai suffisant pour l’installation de chacun ; alors, il leva les paupières. Un silence parfait s’établit. Dès le premier instant, il n’y eut point de doute que ce jeune maître était de ceux qui dominent une situation.
Il avait ce teint d’un seul ton, cette face décolorée fréquente chez les personnes qui vivent renfermées. Souvent, ses yeux étaient fatigués et légèrement