jours probables en France. C’est un pays passionné pour les aventures romanesques d’un héros sympathique. Un peu de justice sociale leur ferait plaisir, mais moins qu’un beau roman qui, au jour le jour, les tiendrait en haleine. Je parle en journaliste qui connais les lecteurs ; mais toi, Saint-Phlin, qui t’attendris, je suppose, sur les vieux romans de chevalerie Flor et Blanche fort, Fier-à-Bras, tu sais bien le goût de la race, et qu’un Fier-à-Bras, un individu, ferait l’affaire.
— Un homme national ! dit Sturel.
— Soit ! dit Suret-Lefort. Pourtant c’est dangereux et, pis encore, hypothétique !
— L’entente est faite ! — lança Mouchefrin, et de sa voix insupportable à elle seule comme une goujaterie : — Où se procurer ce remorqueur ?
Le gros Racadot, qui jusqu’alors s’était tu, s’avança :
— Vous voulez une locomotive ; encore faut-il que vous soyez sur rails, pour qu’elle vous remorque… Dans votre obscurité, un Napoléon lui-même ne vous distinguerait pas ! Nous attendons toujours la conclusion pratique de ce conciliabule.
Tous, sauf Mouchefrin qui riait bruyamment, furent gênés, pour le romanesque et imprévoyant Sturel, que le petit-fils des serfs de Custines eût si évidemment raison.
Ces deux-ci, Racadot et Mouchefrin, dans le cénacle représentent la pauvreté. C’est bien elle qui les maintient ; riches, ils eussent été écartés : quelque chose en eux répugne, Mouchefrin étant méprisant jusqu’à la cruauté, et Racadot matois comme un courtier véreux. Pauvres, on ne pouvait les exclure ; en les