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À BOUTEILLER, LA LORRAINE RECONNAISSANTE

garçon fort distingué d’ailleurs et que Taine estime… Le piquant, après le tapage des cléricaux, c’est que ce petit monde jadis m’a fait des déclarations, selon moi, anti-républicaines.

Cet historique superficiel se déformait à passer de bouche en bouche, et bientôt ne tendait à rien moins qu’à incriminer Sturel et Rœmerspacher. Chez madame de Coulonvaux, madame Alison répétait avec complaisance :

— Je me suis toujours défiée des relations de M. Sturel. Je savais bien qu’il vivait avec des coquins.

Entre la jeune fille et Sturel, jamais, en somme, de promesse n’avait été échangée. Après le drame et pour échapper à de continuelles et pénibles interrogations, il quitta cette rue Sainte-Beuve, s’installa sur la rive droite, puis devança l’époque des vacances. C’est à Neufchàteau, par un bruit du pays, qu’il sut Thérèse fiancée au baron de Nelles.

Au Palais et dans les bureaux de rédaction, quelques rumeurs fâcheuses associaient Suret-Lefort et Bouteiller. Le professeur passait pour être intervenu en faveur de personnes compromises, et, deux ans plus tard, on devait raconter que Racadot était son agent chargé de lui organiser un journal. Dans cet été de 1885, toutefois, le crime de Billancourt le servit, et de la façon la plus imprévue.

L’évêque de Nancy, prenant texte des fameuses déclarations de Racadot, avait publié un manifeste contre la philosophie officielle de la République. Ces attaques firent du professeur le représentant de l’enseignement moderne et de la culture scientifique. Courageusement, comme dirent ses amis, il vint à