Moselle), vînt s’asseoir sur les bancs d’un lycée et auprès d’Henri de Saint-Phlin, il a fallu d’immenses bouleversements.
On a tort de croire que, dès le siècle dernier, la liberté civile était établie d’une façon générale dans les provinces. En 1782, le grand-père d’Honoré Racadot naquit serf à Custines, dans une seigneurie ecclésiastique, et serf de la plus dure catégorie, « par servitude personnelle découlant d’une servitude héréditaire de l’homme vis-à-vis du seigneur ». Les serfs de cette espèce sont « si sujets à leur seigneur que celui-ci peut prendre tout ce qu’ils ont, à leur mort ou durant leur vie, et leurs corps tenir en prison toutes les fois qu’il lui plaît, soit à tort, soit à droit ».
Le 4 août 1789, l’Assemblée nationale porta un coup décisif à ce genre de propriété et l’abolit sans indemnité. Le grand-père d’Honoré Racadot avait sept ans. Son âme se développa résignée et tremblante.
… Ainsi Honoré est probablement le descendant des esclaves du monde romain ; il est possible que sa race soit tombée en servage plus récemment et par le jeu naturel des forces, mais de toute façon c’est bien le type de l’esclave rural que perpétue cet énergique et disgracié garçon à la figure sournoise. Suis-je dupe de mon imagination émue par le renseignement ? Après avoir connu des archives de Custines la saisissante et indiscutable vérité, je reconnais dans Honoré l’affranchi aussi gêné sous sa tunique de lycéen que les barbares de Mérovée sous la chlamyde romaine.
Au lycée, il travailla lourdement, sans la réussite que son effort eût méritée. Il a comme une barre en