Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/276

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de pluie, un aumônier, un pasteur, un rabbin, liés comme il arrive souvent par la vie en commun au poste divisionnaire, se trouvèrent sur une partie du champ de bataille où des soldats relevaient les cadavres. Ces hommes les entourent et leur disent : « Nous n’osons pas mettre la terre sur nos camarades sans qu’on leur ait dit une prière. — À quelle religion appartiennent-ils ? — Nous ne savons pas, mais vous pourriez peut-être vous arranger entre vous. — Eh bien ! nous allons, à tour de rôle, les bénir… » Le catholique a commencé, le protestant a continué, et l’israélite a fini et, tous les trois, ils ont serré la main des soldats qui n’étaient pas nécessairement des croyants (23).

Mais cette scène, suis-je trop exigeant, demeure pour moi un décor magnifique dont l’âme est un peu incertaine. Je la trouve pauvre de conseil. Si nous avons retrouvé notre unanimité profonde, c’est pour la maintenir, en organiser la défense et con-