Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/11

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comme certains aristocrates frivoles qui, d’une illustre ascendance, n’ont gardé que leurs titres de noblesse, de charmantes manières, de superbes portraits, des tapisseries royales, des reliures écussonnées, un luxe grandiose et frivole.

C’est ainsi, nous le savons bien ; on nous croyait frivoles, usés, trop riches, trop heureux, et faisant du plaisir le seul mobile de notre activité ; les Français livraient à l’instinct et à la passion la conduite de leur vie ; leur fin suprême était le bonheur, et l’on venait à Paris pour participer à ce bonheur…

Injustes étrangers, quand le plaisir facile et cosmopolite de Paris vous enivrait, comment auriez-vous connu ce qui reposait au foyer français, qui a pour vertu de se tenir isolé de la rue passante, et ce qui fermentait dans des cœurs qui attendent toujours un cri de croisade et comme l’appel d’un monde surnaturel pour produire et pour connaître eux-mêmes leur héroïsme ?