Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/263

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tendre et impérieuse, son jeune visage appuyé contre le cœur de son amant, elle le somme de lui répondre :

— Vas-tu mourir en me haïssant ?

— En souffrant par toi, oui certes.

— Dis-moi comment j’aurais pu t’éviter cette souffrance ?

— Il fallait ne pas me trahir.

Ah ! Peu importe à Oriante la majesté de la mort ! De cette majesté même elle n’accepte pas les leçons.

— Te trahir ! dit-elle, et toi, comment nommes-tu ton refus, inavoué mais certain, de défendre Qalaat contre tes coreligionnaires chrétiens ? Tu nous avais engagés dans une résistance purement passive, où tu ne voyais, à part toi, aucun espoir sérieux de succès. Pourquoi ? Ah ! je te comprends. Tu ne pouvais pas frapper tes frères chrétiens.