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BERTHA ET ROSETTE

feraient bien vite de lui un réactionnaire, un bolchéviste, disons le mot.

Si on pouvait fouiller les cœurs et les consciences, on retrouverait presque toujours, à l’origine des haines sociales, une souffrance physique ou morale, une injustice ou un vice d’argent.

Pour lire ses lettres et être bien seul, le soldat est entré dans les ruines de l’église.

Église dévastée, où les statues et les verrières brisées, sont éparses sur le pavé. Ruines et désolation autour de lui. Ruines et désolation partout. Désolation dans son cœur.

Appuyé à un pan de mur croulant, le soldat se dit qu’un Américain l’a volé, alors que lui se bat pour la justice et la civilisation.

Dans son désarroi moral, sa détresse sans nom, ses réflexions prennent tout à coup un autre cours.

Au fait, pourquoi est-il là ? Il se dit que son enrôlement a été une duperie. Il n’a pas le droit de se considérer comme un martyr du patriotisme. Son pays à lui, ce n’est ni la