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Page:Barré - L'emprise vol 2, Conscience de croyants, 1930.djvu/12

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CONSCIENCE DE CROYANTS

trouver ses amis, les Canadiens, dont M. le curé, et leur tenait à peu près ce langage :

— Moi, besoin d’argent, fais une grosse transaction, moi de court cinquante piastres. Toi curé, aurait pas cinquante piastres à prêter pour huit jours ?

Et le curé, ses amis, lui prêtaient pour huit ou quinze jours, sans intérêts, bien entendu. Cernovitch était un bon garçon, voyez-vous ! M. le curé avait l’espérance d’en faire un catholique, et le Russe exploitait cette espérance et la pitié des Canadiens. Ainsi, il se procurait le capital dont il avait besoin sans payer d’intérêts et sans perdre les intérêts de son dépôt à la banque, qu’il se trouvait à ne pas déranger.

Itska Cernovitch était le plus jeune des trois fils. De sa mère, la fille russe d’Odessa, il tenait ces yeux bleus et ce teint laiteux des blonds Slaves. De son père, il avait le tempéramment tranquille et souple des descendants de Judas, capables de s’adapter et de se plier à toutes les circonstances et à