Page:Barre - Le Symbolisme, 1911.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
VERLAINE

est un crétin et que Moréas serait maboule de l’imiter [1] ». Il conclut sans détour :

À bas le symbolisme mythe
Et termite[2],


et il explique pourquoi il s’éloigne définitivement des symbolistes qu’il appelle « les Petits » :

L’incompréhensibilité,
Non des doctrines qui sont nulles,
Mais de leurs gueuses de formules,
Leur gueux de manque de gaieté
. . . . . . . . . . . .
L’idéal noir qui leur a lui
. . . . . . . . . .
M’ont éloigné de ces petits[3].


Un instant il a cru que l’école Romane allait ramener au vrai la poésie fourvoyée ; il applaudit à l’effort de Jean Moréas ; mais il lui apparaît bientôt que cette tentative n’est encore qu’une réclame. N’est-ce pas, en effet, manquer de raison que biffer de notre histoire littéraire les siècles qui l’ont le plus illustrée ! « La Renaissance ! Remonter à la Renaissance ! Et cela s’appelle renouer la tradition ! En passant par-dessus le xviie et le xviie siècles ! Quelle folie ! Et Racine et Corneille, ça n’est donc pas des poètes français, ceux-là ? Et La Fontaine, l’auteur du vers libre, et Chénier ? Ils ne comptent pas non plus ? Non, c’est idiot, ma parole, idiot. Mais Ronsard ? Ronsard ? Il y a eu avant lui un nommé François Villon qui lui dame crânement le pion. Ronsard ! Pff ! Encore un qui a traduit le français en moldo-Valaque [4]. » Moréas dont il prisait le talent, devient, à son sens, un poète déchu. Les prétentions de son école sont insoutenables.

  1. Invectives, XI, conseils.
  2. Invectives, IX.
  3. Epigrammes, XXI.
  4. Jules Huret, op. cit, p. 69.