3. Ce quelque chose n’est pas la femme, objet de sa malédiction,
Vous qui seriez le désespoir
Si la foi n’était l’espérance[1],
ce quelque chose, c’est la foi. Quand l’homme a fait le tour
de son impuissance et subi les épreuves que mérite son
orgueil, il contemple enfin le ciel. Pour Verlaine, la crise
d’érotisme est le prélude inévitable d’une crise de mysticisme.
L’épuisement sensuel précède l’enthousiasme religieux.
Le poète sali par les pires défaillances de la chair, se tourne
vers les tabernacles et tend les mains vers l’Éternel en implorant
sa grâce. Cet amour que la femme a blasé sans en tarir
la source spirituelle, Verlaine en va consacrer l’ardeur à la
gloire de Dieu.
Le mysticisme de Verlaine procède d’un mépris non dissimulé
pour les choses fortuites de cette terre et les institutions
prétentieuses d’une humanité trop faible. Le spectacle
de l’orgueil et de la vanité rend l’homme insupportable au
sage :
L’ennui de vivre avec les gens et dans les choses
Font souvent ma parole et mon regard moroses[2].
Plaisir, amour, bonheur, tout cela change et passe. Quant
à la science, elle est le grand mensonge qui nourrit la fureur
orgueilleuse de l’homme et l’entretient dans le malheur :
Lâchez son bras qui vous tient attendus.
Pour des Enfers que Dieu n’a pas fait naître[3].
Il faut lui préférer la tradition :
Nous tenons pour l’honneur jamais taché
De la tradition, supplice et gloire.
Gardez que trop chercher ne vous séduise
Loin d’une sage et forte humilité…
Les savants ont tout dit : mais savoir le reste est bien [4].