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LE SYMBOLISME

outragre, des débats mélancoliques et littéraires, des pubertés difficiles, Complainte-variations sur le mot falot, falotte, Chanson du petit hypertrophique. Climat, faune et flore de la lune, Célibat, célibat, tout n’est que célibat. Impossibilité de l’infini en hosties, etc. La musique, la religion, la famille, la géographie, l’astronomie, la pathologie et même la philologie, tout lui est bon. A travers ce salmigondis poético-scientifique, il exprime le nouveau qui dort en lui, il cherche cette parole de vérité « ce cri humain [1], » grâce auquel un poète grave à jamais son sillon dans les champs infinis de l’art.

Sa poétique est indéfinissable. Au point de vue prosodique, il est toute la prosodie. Les réformes tentées depuis le xvie siècle jusqu’au verslibrisme inclusivement, il les adopte, en use et en abuse selon son humeur du moment. Il a des vers de perfection classique :

En tous sens, je le sais, sur ces mondes lointains,
Pèlerins comme nous des pâles solitudes,
Dans la douceur des nuits tendant vers nous les mains,
Des Humanités sœurs rêvent par multitudes[2] !


Puis des distiques coupés, hachés, teintés selon la meilleure formule romantique :

Hélas ! avant ces temps, averses, vents, soleil,
Auront au loin perdu mon cœur, mes nerfs, mes moelles,
Tout se fera sans moi ! Ni rêve, ni réveil !
Je n’aurai pas été dans les douces étoiles ![3]


des vers libres créés sans théorie préalable, spontanément, par besoin d’épuiser les ressources des assonances, des allitérations, des hiatus et des mètres boiteux,

  1. Préludes autobiographiques.
  2. Le Sanglot de la terre : l’Impossible.
  3. Le Sanglot de la terre : l’Impossible.