nées, ils s’efforcent d’accumuler des voiles précieusement
brodés autour d’un vide qu’ils baptisent Isis
[1]. » L’individu
poète, délivré des influences et des règles, ne doit obéir qu’à
sa fantaisie : Il rendra son émotion lyrique non par des mètres
à quantité fixe, mais par le rythme, le seul guide pour le
poète, et par rythme il ne s’agit pas d’un rythme appris, mais
d’un rythme personnel que le poète doit trouver en lui-même.
Il obtiendra son maximum d’intensité dans des
strophes comprenant un nombre variable de vers, ceux-ci
étant formés d’un nombre variable de syllabes
[2]. Il n’y a pas
d’autre technique de la strophe, seule unité rationnelle et
du vers libre, unique instrument « qui permette d’établir,
hormis toute entrave, un rapport exact entre la personnalité
du poète et ses rapports d’expression »
[3]. Ces remarques
faites, tout l’art poétique se résume en ceci : « Va d’un cœur
simple vers la nature. Interroge les arbres, les eaux, les
monts et les champs. Entre en communion avec les éléments.
Attends humblement que les essences et les apparences se
déversent en toi. Puis, quand ton âme devenue trop étroite
pour contenir l’univers, débordera comme une coupe trop
pleine, règle l’essor de ta pensée selon l’expérience que tu
as acquise en étudiant le mouvement des feuillages, le cours
des ondes et les caprices de la brise.
[4] »
12. Henri de Régnier. — La fin naturelle d’une pareille esthétique est l’éclectisme. Le poète porte en lui la source de toute poésie. Il lui suffit de suivre le cinématographe que déroulent devant le regard intérieur le monde ou l’âme. S’il traduit ses impressions, il est libre d’adopter la forme d’art qui lui semble sur l’heure en connexion directe avec elles. Mais élevé la plupart du temps à l’école de l’antiquité,